LIEUX DE CONSULTATIONS :
RIA-SIRACH & PERPIGNAN
MASOCHISME

De l’inconscient à l’utilisation des symboles à travers le masochisme

Cours du Docteur Erick Dietrich, Directeur d’Enseignement (février 2014)

Les caractéristiques de l’Inconscient :

  • 1/ Processus primaire
  • 2/ Absence de contradiction
  • 3/ Atemporalité
  • 4/ Indifférence à la réalité extérieure et physique
  • 5/ Effet plastique sur le corps (rajouté par Freud dans une lettre à Groddeck)

Reprenant BERGERET :

1/ L’hystérie de conversion (migraine, céphalées, mycoses, etc.) n’entraîne pas de maladie d’organes. Il y a la sensation, la douleur et dans certains cas, la conversion hystérique (lombalgies, brûlures d’estomac) qui va entraîner des lésions organiques.

2/ L’hypocondrie : est une maladie imaginaire (voire une phobie), une forme de délire, la personne en craint le déclenchement, l’angoisse émerge.

3/ Les maladies psychosomatiques dues à des stases énergétiques qui entraînent des maladies d’organes. N’oublions pas le concept freudien de « pulsion » comme représentant psychique de l’instinct qui met fin à la séparation arbitraire entre le corps et l’esprit. « La pulsion est un concept limite entre le biologique et le psychique » et « Le Moi est avant tout un Moi corporel. » Ces deux phrases fondamentales ont été oubliées, ne tenant pas assez compte de l’importance du corps érotique (là, où et comment l’Eros peut l’emporter sur le Thanatos) et ignorant pendant longtemps les implications des traumatismes psychologiques sur le corps somatique. HIPPOCRATE disait déjà au Ve siècle av. J.-C. : « Lorsque le corps est en état d’éveil, l’âme est à son service, elle s’applique à de nombreuses tâches. Lorsque le corps est au repos, l’âme se déploie… Les signes qui apparaissent dans les rêves ont une grande valeur car « LES MALADIES QUI ÉCHAPPENT À L’ÂME CONTRIBUENT À DÉVORER LE CORPS. » Une personne, dangereusement dans la répression émotionnelle, enfermée dans ses peurs, ses colères et sa terrible détresse qu’elle tente d’ignorer à travers un masochisme plaintif, est un exemple saisissant de vie opératoire et de sa « compagne de misère » (selon l’expression de Michel Fain) : la dépression essentielle, ayant débouché sur une maladie psychosomatique.

Donc toujours faire parler le symptôme qui exprime un conflit intrapsychique sous-jacent.

En 1962, de M’Uzan et Marty décrivent la pensée opératoire avec le surinvestissement de l’actuel prédominant et catalyseur de traumatismes anciens. Les comportements prennent la place de la réflexion. La vie psychique du patient opératoire se caractérise par une platitude tragique, a-conflictuelle (ou à son inverse par la mise en place de conflits S.M.) et utilisant le déni et le masochisme. Il est bien entendu que l’extrême fragilité narcissique joue un rôle prépondérant dans ce tableau, ainsi que la prédominance du Moi Idéal de toute-puissance sur le Surmoi post-oedipien.

Dans un deuxième temps, Marty décrit en 1966 la dépression essentielle qui se caractérise par une absence d’expression symptomatique. Il n’y a pas comme dans la dépression névrotique des manifestations bruyantes de douleur, de plaintes, ni d’affect. Le sujet vit dans une apparente « normalité » mais la libido est absente.
Il végète comme un automate, sans désir et sans plaisir. Cette dépression passe souvent inaperçue par l’entourage, mais par contre elle est vite repérée par les affects contre-transférentiels du thérapeute.

La troisième étape décrit la notion de processus de somatisation créée par Marty en 1967. Le processus de somatisation s’applique en général à tous les individus et non pas seulement à ceux que l’on qualifie habituellement de malades psychosomatiques. Ce sont les caractéristiques individuelles du fonctionnement psychique du sujet qui favorisent ou protègent, selon le moment et les circonstances, d’une somatisation passagère, fonctionnelle ou organique, réversible ou grave.

Nous sommes tous fous et malades !

En effet, nous tombons tous malades à un moment ou à un autre de notre vie, de façon bénigne, ou plus ou moins gravement, avec des maladies à crises, des affections réversibles…
Nous vivons tous la maladie de façon individuelle, j’insiste encore, selon nos points de fixation, selon notre état de mentalisation à ce moment-là, selon la façon dont nous sommes capables d’aborder les états traumatiques, à des moments de fragilité passagère, dans les cas de pertes, de deuils, auxquels vient s’ajouter le phénomène du vieillissement…
En schématisant, les individus se situeraient dans une échelle qui irait d’un pôle extrême – qui pourrait correspondre à la psychose – à un autre pôle extrême qui correspondrait à la somatisation létale. Tous les êtres humains s’inscrivent entre ces deux pôles avec, bien entendu, des nuances, des variations infinies et des mélanges compliqués. On peut dire que les névrosés et les états limites oscilleraient de manière plus ou moins marquée entre ces deux pôles.
Entre ces deux extrêmes se situerait ce que Marty a décrit comme la névrose de caractère. Elle concernerait la majorité de la population, mais aussi la plus susceptible de tomber malade.

Pour reprendre notre approche sur le masochisme, le Moi évite à tout prix d’être exposé à la pulsion érotique ou agressive, le Moi n’ose pas mettre le masochisme au service de l’Eros et le laisse au service de Thanatos. Racamier a abordé le rôle contre-dépressif du masochisme et Kestemberg reconnaît qu’il joue un rôle thérapeutique dans certaines psychoses.

Chez les masochistes (en sachant que comme dans l’hystérie ou autres pathologie, il y a autant d’hommes masochistes que de femmes masochistes, il faut arrêter une forme de discrimination thérapeutique laissant à penser que les femmes pourraient être plus masochistes que les hommes ! Ainsi, cliniquement, nous observons des traits de caractère et de comportement très accentués, caractérisés par la démesure et une exigence excessive vis-à-vis de soi-même et des autres, sans nuances, sans concessions, sans négociation ni adaptation et surtout sans capacité de régression psychique. Il s’oppose au Surmoi oedipien qui constitue un facteur de protection en rappelant à l’individu le danger de se laisser entraîner par la pulsion ou les exigences excessives et qui accepte les limites et la castration. Le Moi Idéal ne peut pas faire face à tout dans un narcissisme tout-puissant de type infantile.

Symboles, symptômes et fantasmes comme moyens de communiquer et de contrôler le monde qui nous entoure

Reprenons le schéma :

Frustrations > Imaginaire > Virtuel > Nécessité de passer à l’alternance perverse (sortir du réagencement psychotique) pour que cela se réalise dans la réalité :

– soit dans le plaisir
– soit dans le déplaisir (masochisme, faille narcissique, validation parano).

Qu’est-ce qu’un archétype ?

Du grec arché qui signifie « ancien » et de typos qui signifie modèle, l’archétype, au-delà des compulsions défensives et de répétition, est utilisé sur un mode universel comme un système issu de l’inconscient collectif, de l’utilisation des symboles et de l’identification aux modèles (parentaux et socioculturels), là où Carl Jung le définit comme une préforme vide. Les archétypes vont, pendant le développement de l’enfant et ses expériences tant dans le vécu que dans les systèmes projectifs et introjectifs, amener des croyances et des constructions fantasmatiques permettant la mise en place d’une identité fantasmatique. Nous vivons tous, comme vous le savez, accrochés à des croyances, les archétypes sont là partout en nous, s’activant soit sur un mode constructeur, soit sur un mode destructeur. Tout cela pour vous rappeler, à vous thérapeutes, qu’à l’origine vous êtes des enfants maltraités, blessés. Vous portez tous une forme de bipolarité ou de paradoxe : le soignant et son autre, l’enfant blessé.
Le patient, avec ses transferts, vient vous voir, vous le « thérapeute », sur lequel il projette le pouvoir, la toute-puissance, le savoir, etc., le thérapeute, pouvant se faire piéger à deux niveaux (contre-transfert de pouvoir ou contre-transfert de guérisseur), ce qui peut empêcher le patient de faire appel à ses propres ressources qu’il a en lui. Le plus grand danger chez ces « thérapeutes » est leur toute-puissance à croire qu’avec des outils quels qu’ils soient, ils s’inscrivent dans le pouvoir de pouvoir guérir l’autre !

Le patient sujet au transfert : il transfère au thérapeute le pouvoir de l’aider, de le guérir. Les thérapeutes n’ayant souvent pas assez travaillé leurs blessures vont se laisser aller à des positionnements de parents tout-puissants, tentant d’obscurcir ou de soigner à travers le patient leurs souffrances anciennes.

Les thérapeutes : se retrouvent dans un rôle de sauveur, dans lequel ils ne peuvent qu’échouer au risque de se briser sur leur impuissance, impuissance ancienne à n’avoir pas pu réussir là où ils échouent à nouveau. Les thérapeutes n’ont pas à être envahis par les mots, les maux, les émotions de leurs patients.
Nous allons étendre le symptôme (vécu souvent dans le masochisme à dimension de jouissance) à la dimension du sujet tout entier. Le symptôme n’est pas qu’un idéogramme, il est une forme de communication, à travers le symbole (étymologiquement qui réunit, par rapport à diabolique qui signifie qui sépare), qui utilise le signifiant et le signifié. Le symptôme, avec les fantasmes, s’inscrit dans une trinité : réalité, imaginaire et symbolique. Je me permets d’avancer dans la théorisation du symptôme comme symbole : les symboles renvoient au langage qui nous permet d’entrer en relation avec le monde, comme les fantasmes et les mots (maux) !

Manipulation, conditionnement, influence

Vous êtes, en effet, conditionnés. Il vous suffit d’entendre une phrase qui contienne des croyances, des valeurs, la supposition d’une vérité pour que vous n’ayez plus votre liberté de penser. Pour qu’il y ait influençabilité ou soumission librement consentie, il faut agir sur les failles et la personnalité de l’individu.
Nous vous expliquerons la « fonction magique » des mots, des maux et, également, des symboles. Une chose est sûre, l’éducation ne nous permet pas de devenir des « êtres libres et pensants ».

Cours Coaching et stratégies de la communication Angélique Dietrich & Erick Dietrich

Sculpture bondage jeux de masochisme

Sculpture bondage jeux de masochisme (auteur inconnu)

Sur le masochisme

Le masochisme est une blessure liée au monde physique, sexuel et psychologique chez l’enfant.
Ce qui entoure le trauma est plus violent sur le plan psychologique car il y a le fait d’être humilié et/ou nié dans ce que l’enfant dit à son entourage, le plus souvent dans la relation avec la mère, mais aussi dans la relation avec les deux parents ou des membres de la famille. La mère a toujours (sur un mode passif, actif ou cautionnant) sa responsabilité dans la mise en place du masochisme qui va s’exprimer de plusieurs manières, indépendamment mais le plus souvent liées les unes aux autres. Le masochiste a besoin d’un tiers donc toujours de trianguler ou faire trianguler les relations : conduites d’échec, ou l’inverse : utilisation de la toute-puissance pour contrôler et être valorisé, compulsion de répétition, violences physiques ou psychologiques, mise en place de pratiques sexuelles SM de type immature et prégénital, activation du sadisme du tiers, symptômes (conversions et/ou maladie d’organes) où il trouve des solutions ou des situations pour se punir lui-même car souvent la culpabilité a été activée.

Les peurs du masochiste qui l’empêchent de communiquer clairement et d’exprimer ses demandes sont : la peur de blesser l’autre, d’être considéré comme trop égoïste s’il dévoile ses peurs, d’être humilié, la peur que l’autre le fasse se sentir insignifiant, la peur de se dire ou de se sentir indigne. Les maladies dont peut souffrir la personne possédant le masque de masochiste : des maux de dos, des sensations de pression dans les épaules, des troubles respiratoires, des problèmes aux jambes
(varices, entorses, fractures), des problèmes de foie, des douleurs au cou, des angines, des laryngites, des problèmes avec la glande thyroïde, de l’urticaire, un mauvais fonctionnement du pancréas, des problèmes cardiaques, des pathologies nécessitant une intervention chirurgicale.

En entreprise : derrière ce masque se trouve un être audacieux, avec le goût de l’aventure, avec bon nombre de talents dans des domaines différents, qui connaît ses besoins et qui les respecte, qui est sensible aux besoins des autres ; il est capable de respecter la liberté de chacun, bon médiateur, conciliant, il arrive à faire revenir à la normale les situations dramatiques ; il aime se réjouir et faire que les autres se sentent à l’aise, il est généreux, altruiste, blagueur ; il a du talent pour organiser et sait reconnaître les talents ; sensuel, il sait se réjouir dans l’amour ; il est très digne.

LE CARACTÈRE MASOCHISTE

Âge 5-6 ans : droit à l’affirmation et à l’indépendance. Il échange : intimité contre liberté. Il a peur de l’étouffement et de l’humiliation.
Typologie masochiste chez la femme comme chez l’homme (masochisme passif-féminin)
Le caractère masochiste (non dans le sens de la perversion sexuelle) a un niveau énergétique suffisant mais il y a rétention de l’énergie au centre et un faible investissement des zones périphériques. Il y a aussi de fortes tensions au niveau du cou et de la taille. On note une propension à l’angoisse et aux comportements provocateurs.
Présentation de l’individu : séducteur et soumis, il ne ressent pas la rancune, la supériorité et l’hostilité. Sa cuirasse musculaire très épaisse empêche toutes les émotions de passer. Il a la tête rentrée, un cou trapu et court, une forte tension au niveau des trapèzes et des omoplates, fortes tensions entre la bouche et l’anus (retenir). Déféquer et vomir sont douloureux et vécus comme dangereux. Les muscles sont épais, le pelvis est projeté en avant, les fesses sont serrées et rentrées. L’énergie est en surcharge dans le ventre, elle est retenue mais non figée. Là où stagne l’énergie, on peut noter : une augmentation de la graisse ou de la coloration de la peau. Les traits principaux du masochiste sont : son sadisme, son incapacité à supporter la solitude (car elle est pour lui synonyme de mort), la perturbation de sa sexualité et l’importance de la rage contenue à l’encontre de ses parents. L’attitude soumise dans le comportement face au milieu extérieur masque une attitude intérieure tout à fait opposée : au plus profond niveau émotionnel, cette structure caractérielle ressent de la rancune, de la négativité, de l’hostilité et de la supériorité. Sa peur serait liée à l’image négative que pourrait lui renvoyer le milieu extérieur, ce qui pour lui est inconcevable car il se veut parfait, irréprochable, gentil, serviable, avec de l’humour, etc.

Les comportements provocateurs remplacent l’agressivité. Ils ont pour but d’obtenir de l’autre une réaction énergique assez forte pour permettre au masochiste de réagir violemment et d’exploser autrement et sexuellement. De façon paradoxale, il peut utiliser ses échecs pour se renforcer dans l’illusion de supériorité et de mépris des autres.

Étiologie : mère surprotectrice ou mère dominatrice qui « s’est sacrifiée » pour son enfant (Avec tout ce que j’ai fait pour toi…!). Le père est souvent passif et soumis. Souvent chez la mère, on trouve un intérêt porté sur la nourriture et les selles (Fais caca pour faire plaisir à maman… !), tout cela dans un mélange d’amour et d’oppression sévère de la part des parents et dans un climat de castration. La structure caractérielle masochiste se développe dans une famille où l’on trouve amour et acceptation combinés à de sévères pressions, répressions et agressions.

Caractéristiques de la blessure d’HUMILIATION : c’est en général la mère qui est en cause (manque de liberté et sentiment d’humiliation par le contrôle de ce parent). Masque : masochiste. Corps : gros, rondelet, taille courte, cou gros et bombé, tensions au cou, à la gorge, aux mâchoires et au pelvis. Visage rond, ouvert. Yeux : grands, ronds, ouverts et innocents d’un enfant. Vocabulaire : « être digne », « être indigne », « petit », « gros ». Mais attention cette lecture du masochisme est valide quand s’est activée chez lui la mise en place de la carapace : on retrouve grâce aux mots et maux mais aussi à ce qui est dit et montré à voir le masochisme dans les structures orales et chez les psychopathes séducteurs.

Caractère : fréquemment honte de lui-même et des autres ou peur de faire honte. N’aime pas aller vite. Connaît ses besoins mais ne les écoute pas. En prend beaucoup sur son dos. Tendance à contrôler pour éviter la honte. Se croit malpropre, sans coeur, dégoûtant ou inférieur aux autres. Souvent dans la structure orale : il ou elle est fusionnel(le). Il s’arrange pour ne pas être libre car « être libre » signifie « illimité ». S’il est sans limites, il a peur de déborder ou d’être débordé par lui-même. Il est hypersensible et se veut digne tout en vivant du dégoût et de la honte au niveau sexuel. Il n’écoute pas ses besoins et tente de compenser et se récompenser par la nourriture et l’alcool ou « s’anorexise ».

L’HUMILIATION

en général est vécue avec la mère, que l’on soit un homme ou une femme. Le masochiste se sent donc facilement humilié avec les personnes du sexe féminin.

L’expression de « masochisme gardien de la vie » surprend, pourtant le caractère positif de certaines conduites masochiques a été à plusieurs reprises souligné. Racamier a abordé le rôle contre-dépressif du masochisme et Kestemberg reconnaît qu’il joue un rôle thérapeutique dans certaines psychoses. L’utilisation du masochisme paraît irrationnel dans le « principe de plaisir » puisqu’il mène au déplaisir. « S’il peut être gardien de la vie, il faut néanmoins l’empêcher de devenir, quand il est au service de la pulsion de mort, le maître d’oeuvre d’un désinvestissement du corps sensible, de l’humanité de l’être car il deviendrait destructeur ». Au-delà du principe de plaisir, nous comprenons que le masochisme érogène, la douleur érotisée ou sexualisée génèrent une source d’excitation très importante qui permet d’alimenter, comme nous le verrons, un réservoir énergétique. Selon Rosenberg (1991) il paraît nécessaire de dépasser les concepts « du problème économique du masochisme ».

Nous allons aborder les différents types de masochismes :

Le masochisme féminin (attention à une position de discrimination liée à l’époque, ce masochisme touche les femmes comme les hommes) est abordé en 1918 dans un article intitulé Le Tabou de la virginité. Freud y montre que la culpabilité (des hommes et) des femmes n’est pas forcément la même. Pour les hommes, elle est liée au désir de mort éprouvé à l’égard du père. Pour les femmes, leur désir est plus spécifique et aussi plus focalisé : il s’agit du désir de castrer le père, soit par simple dépit amoureux, par déception, soit parce que le père, comme c’est le cas dans la névrose, est maintenu comme un objet rival dans la conquête de l’amour de la mère. Dans nos cas cliniques, nous trouvons de nombreux fantasmes et pratiques masochistes qui se sont développés chez des femmes ou des hommes qui se placent dans une position féminine au sein de laquelle se rejoue un simulacre de castration et de coït (réel ou symbolisé) subi. Freud nous dit : « Le caractère dangereux (du masochisme) provient du fait qu’il a son origine dans la pulsion de mort, qui correspond à la partie de celle-ci qui a évité d’être tournée vers l’extérieur sous forme de destruction ». Nos cas cliniques et les théories contemporaines nous amènent à formuler ainsi la dangerosité du masochisme : la pulsion de mort va infiltrer le masochisme et le rendre destructeur pour le patient quand en effet, une partie de ce masochisme n’a pu se tourner vers l’extérieur et se retourne donc contre le sujet lui-même dans un contexte régressif. Au cours d’une thérapie et plus particulièrement dans les groupes de thérapies, nous avons pu remarquer que pour sortir de leur position féminine passive et masochiste, les hommes doivent reconnaître l’amour pour le père puis dans un deuxième temps, la haine inaugurale qu’ils éprouvent à son égard avec ce qui en est sa cause, l’amour pour le premier objet d’attachement : la mère. Pour sortir de leur position masochiste, les femmes doivent reconnaître l’amour pour le père puis dans un deuxième temps, les désirs de vengeance à son égard, le désir de le castrer en rétorsion de ce qu’il est censé leur avoir fait subir. Elles retrouvent alors la mère, non pas comme objet d’amour, mais comme objet de haine. Selon Freud, c’est elle qui est à l’origine responsable de leur absence de pénis, du fait qu’elles ont été faites filles. Nous voyons aussi qu’il faut lutter contre le « ne pas vouloir vivre » présent dans les deux sexes, non en raison de la pulsion destructrice, « mais de la propension de l’objet à ne pas survivre » (What about waste-disposal ? Winnicott, 1975). À la question sur l’origine de la souffrance, W. Reich répond : « La souffrance a son origine dans la volonté biologique de souffrir, dans la pulsion de mort et dans le besoin de châtiment » (L’Analyse Caractérielle, éd. Payot).

Le masochisme originaire (nommé aussi érogène primaire)

nous amène à considérer le caractère fondamental du masochisme et à retourner aux sources des pulsions (Eros et Thanatos) et du Moi. Le masochisme primaire serait essentiel à l’établissement du Moi. Qu’est-ce que le masochisme érogène ? Il existe une excitation libidinale et dans Trois essais sur la théorie sexuelle, Freud rappelle que rien n’advient dans ce domaine, sans la pulsion sexuelle et surtout sans avoir à fournir un but à l’excitation sexuelle.
Le masochisme secondaire est souvent dû, dans un contexte régressif, à une pulsion sadique de destruction tournée vers l’extérieur, projetée, puis introjectée, et se tournant vers l’intérieur. Le masochisme secondaire est aussi utilisé comme système défensif tel qu’on le retrouve cliniquement sous différentes configurations névrotiques et/ou perverses. La clinique de l’excitation sexuelle montre que cette dernière peut dans certaines configurations entraîner du déplaisir, le sadisme ou le masochisme permet de décharger la charge accumulée par le déplaisir et qui bloquait la décharge (l’orgasme). Freud, sans que les deux concepts ne s’opposent, parle d’un sadisme qui doit être en dernière instance, un masochisme vécu à travers le sadisme, ce qui induirait l’existence d’un sadisme qui ne serait que secondaire. Dans notre clinique, le sadisme est reconnu depuis longtemps comme une composante qui infiltre la pulsion sexuelle. Le sadisme pourrait aussi être une manifestation de la pulsion de mort. Non pas dans le fait que son but soit de « faire souffrir » l’objet, mais dans celui d’éloigner la pulsion de mort à travers l’objet ou la relation à l’objet.

Le masochisme mortifère

nous apparaît de façon évidente chez des patient(e)s qui présentent des noyaux psychotiques et qui investissent tous les territoires de déplaisirs en investissant l’excitation sans lui permettre la décharge. En clinique, nous retrouvons ces tendances dans les failles psychotiques (anorexie, boulimie, schizoïdie, toxicomanie, kleptomanie, automutilations, etc.). Ainsi le masochisme mortifère se définit en dernière instance par l’abandon progressif de l’objet. Le masochisme mortifère s’initialise parfois, dans un moment régressif, quand se met en place une introjection massive du sadisme.
Grâce au masochisme érogène originaire, la douleur originaire permet au Moi de se construire. Jean Laplanche insiste sur l’effraction du fantasme comme première douleur psychique et Rosenberg parle de son côté d’un « masochisme gardien de la vie » qui permet la résolution de certains accès mélancoliques. Le masochisme maintient une stase énergétique qui permet d’alimenter le système pulsionnel. Nécessaire à la constitution de l’appareil psychique, obstacle à une déstructuration incessante, il signe une première activité du Moi de liaison en réponse à la passivité primaire devant l’émergence pulsionnelle. Rosenberg pense que certaines décompensations psychotiques se mettent en place à la suite d’un dysfonctionnement du masochisme érogène primaire, risquant alors de laisser se mettre en place un masochisme mortifère. Le masochisme érogène va alors être utilisé comme tentative de « guérison » à travers la sexualité et/ou les symptômes psychosomatiques et/ou le masochisme moral. Nous comprendrons donc aussi l’importance de l’objet dans son rôle séducteur, traumatique, antihoméostatique ainsi que son rôle liant et/ou contenant. Au regard de nos cas cliniques, nous comprenons que le masochisme n’est pas uniquement lié à la pulsion de mort. Sadisme et masochisme sont, en fonction des traumas et des fixations, au service de la pulsion de vie et/ou de la pulsion de mort. Paul Denis émet une hypothèse complémentaire : la pulsion naît de « l’intrication » entre deux courants libidinaux, l’un de satisfaction et l’autre d’emprise. Si l’on regarde l’objet d’amour, nous retrouvons dans le lien, le dualisme qui est la première des fonctions du symbole, sa fonction révélatrice. Un catalyseur, un transformateur qui va utiliser la toute-puissance et la pensée magique. Le signifiant permet de lire et déchiffrer les symptômes et de comprendre l’utilisation du symptôme comme symbole mais aussi comment le symbole va et peut créer des symptômes et des fantasmes.

Dimensions du symbole :

– Sémantique : la dimension sémantique regarde la relation entre le symbole et ce qu’il signifie.
– Syntaxique : la dimension syntaxique regarde la relation des symboles entre eux.
– Pragmatique : la dimension pragmatique regarde la relation entre les symboles et les utilisateurs des symboles.

Pour nous le symbole va prendre SENS et signifier CHOSE qui va agir comme un élément actif ou activant :
– ce à quoi et à qui le symbole s’adresse ;
– le vecteur du symbole qui le rend actif et le stimulus (le signal employé) : le signifiant (le modèle dont le stimulus constitue une manifestation, par exemple un phonème) et le signifié (le sens, le contenu du symbole) ;
– l’effet produit en fonction du receveur ;
– l’émetteur qui va rendre le symbole actif dans le sens qu’il veut lui donner ;
– le référent (ce dont on parle quand on emploie tel symbole) (Louis Hébert).

Une autre fonction est la « fonction transformatrice », pour le psychisme. Selon la psychologie des profondeurs (Carl-Gustav Jung), un symbole contient une grande énergie que l’homme peut transformer, en l’amplifiant, en la sublimant, en la réorientant… Par exemple, certains malades se guérissent en travaillant sur des couleurs, des sons, leurs rêves, leurs fantasmes conscients ou leurs fantasmes inconscients.

Une autre fonction est la « fonction magique » : le symbole, de façon formelle ou de façon concrète, agit sur les choses, indirectement, analogiquement. Par exemple, un magicien croit – à tort ou à raison – que le nombre treize, par une « vertu occulte » qui échappe à la raison et à la science physique, porte malheur.

FREUD, dans sa première théorie : le symptôme est l’expression du fantasme. Nous étendons le symptôme et les symboles à la dimension du sujet tout entier : nous sommes constitués de symptômes et de fantasmes comme rapport que nous entretenons avec la réalité.

N’oublions pas l’influence culturelle du judéo-christianisme et de la Sainte Trinité qui a marqué la période psychanalytique : regardons une trinité intéressante : Symbolique/Imaginaire/Réalité.
Et le Père : nous insistons sur le rôle structurant du père. Celui-ci permet à l’enfant dès sa deuxième année de sortir de la fusion avec la mère et de se constituer comme sujet en se positionnant dans la première triangulation. C’est le fameux « non » du père (non à la fusion, la mère n’est pas que mère, elle est femme sexuée du père). Socialement, deviendrait-il plus facile de parler du « nom » du père. C’est en intégrant progressivement qu’il s’appelle comme son père que l’enfant peu à peu prend sa distance avec sa mère, se construit, se structure.

Ainsi, il vous faut comprendre comment le corps est pris à partie par l’appareil psychique.
Par exemple dans l’anorexie où le corps est pris à partie dans le masochisme ou se cache derrière le contrôle du corps infligé par un sadisme direct ou utilisant un tiers pour une jouissance sexuelle déplacée en vue d’une résolution d’une excitation ou d’un plaisir interdits. Car la jouissance n’est, in fine, que la tentative d’un possible rendu impossible pour permettre au corps ce que le fantasme singulier et appartenant au sujet désire en sachant que ce qui est traumatique, c’est l’intrusion des fantasmes venus de l’extérieur dans une forme de soumission librement consentie. Nous ne sommes pas en accord avec Freud pour qui la réalité n’est que psychique, ni avec Lacan pour qui la réalité est inaccessible. Le sujet converse en permanence avec la réalité, il arrange et aménage la réalité ou des fragments de réalité. Le névrosé ne dénie pas la réalité, il ne veut rien savoir d’elle, son Moi est sous le pouvoir de la réalité. Le psychotique a accès à la réalité, ce qui l’angoisse, ainsi il la dénie et dans son alternance psychotique réagence la réalité dans son monde intérieur et dans son alternance perverse, il réagence la réalité dans le monde extérieur, pouvant ainsi utiliser des fragments de la réalité. La relation au réel se fait donc par le filtre de notre subjectivité (fantasmes, symptômes, symboles…). Nous pouvons ainsi comprendre les fantasmes et les symptômes comme une forme de tissage subtil entre réel, imaginaire et symbolique, d’où aussi l’importance des mots du langage, il n’y a pas que les maux du corps à analyser, déchiffrer et comprendre. Tout ce qui se montre à voir et à entendre a un sens manifeste et un sens latent !

La notion de symbole fait jouer plusieurs critères à plusieurs significations : objective ou subjective. Selon T. Todorov (1978), « un texte ou un discours devient symbolique à partir du moment où, par un travail d’interprétation, nous lui découvrons un sens indirect ».

La fin d’une thérapie nécessite de comprendre le monde du symbolique et une reconnaissance des fantasmes en comprenant le lien qui existait à travers les fantasmes, l’imaginaire et le symbolique à l’objet, pour permettre au sujet le choix dans son libre arbitre.

Le symbole est tout un signe de reconnaissance et de rapprochement, il permet de rapprocher, de lier une chose à une autre et de rendre le lien actif. Travailler la symbolique, c’est avoir parfois une action « diabolique » donc qui sépare. Symboliquement dans l’enfance la mère et l’enfant, ou un adulte de la famille et un enfant dans un inceste font des pactes, des secrets ou autres actions symboliques, il suffit de les relier pour que la dette, la culpabilité ou d’autres problématiques s’activent. Surtout que le symbole est structure mémorielle, le symbole pourrait par exemple laisser à croire que ce qui n’existe pas ou a été cassé peut être à nouveau (le paradis perdu, la petite maison dans la prairie, le couple idéal …).

Symboliser c’est donner du sens

La théorie de l’escalier : pour les stoïciens, le comportement qui consiste à accuser les autres de ses propres malheurs est loin d’être celui d’un sage, ni non plus l’attitude qui consiste à s’en accuser soi-même.
La théorie dite « de l’escalier » ! Premier stade : quand je tombe dans l’escalier c’est la faute à l’escalier « Méchant l’escalier », à l’image des parents qui frappent l’enfant qui va se cogner contre la table, il suffit donc de dire « Méchante la table ! ». Deuxième stade : c’est de ma faute si je suis tombé dans l’escalier donc tendance à l’autoculpabilité, lorsque je me dis « Si j’avais fait attention ça ne serait pas arrivé », nous entrons ici dans la revendication sur le passé. Troisième stade : ce n’est ni ma faute ni la faute de l’escalier. Je suis tombé dans l’escalier, soit, c’est un fait, pas de jugement à porter, ni sur l’escalier ni sur moi-même. C’est là qu’intervient la symbolisation. Je donne du sens. Est-ce que je montais l’escalier ou bien le descendais-je ? Dans quel but, en quelles circonstances ? Quelles seront les conséquences et qu’est-ce que je vais pouvoir en faire. Le symbole est réparateur ou destructeur. Inscrire du symbole dans son existence consiste à mettre du sens dans la chaîne chaotique des événements. Un symbole prend toute sa dimension quand il est réinvesti dans l’expérience personnelle d’un sujet ou d’une société. Il doit être chargé d’histoire et de mémoire pour prendre sa signification.