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Découvrons la mer

Quand vous plongez dans l’écosystème marin, vous êtes dans un univers ionique et composé d’organismes microscopiques : les animaux (la faune), la végétation (la flore) et les bactéries. Vous découvrez rapidement que l’eau de mer est salée, a une température et exerce une pression qui augmente avec la profondeur. L’eau de mer constitue donc un milieu physique défini par ces trois variables d’état : la salinité, la température et la pression.
L’océan recouvre plus de 70 % de la surface de la planète Terre et constitue 97 % de ses réserves en eau. Une douzaine d’espèces ioniques majeures sont présentes dans l’eau de mer. Leur masse totale peut varier d’une eau de mer à l’autre mais leurs proportions relatives restent constantes. La salinité moyenne de l’océan mondial est voisine de 35 grammes et sa température de 4° C. L’océan contient en moyenne 35 grammes de sel par kilogramme d’eau de mer. Si l’on considère le volume total de l’océan (1370 millions de km3) cela représente 48 millions de milliards de tonnes de sel. La présence de sel dans l’eau modifie certaines propriétés (densité, compressibilité, point de congélation, température du maximum de densité). D’autres (viscosité, absorption de la lumière) ne sont pas influencées de manière significative. Enfin certaines sont essentiellement déterminées par la quantité de sel dans l’eau (conductivité, pression osmotique). Le chlorure de sodium (NaCl, le sel que vous connaissez tous) n’est qu’un des très nombreux sels composant la solution marine. On a décelé dans l’eau de mer 60 des 92 éléments simples existant à l’état naturel : Anions de Chlore, Sulfate, Bicarbonate, Brome, Fluor et Cations de Sodium, Magnésium, Calcium, Potassium, Strontium. Certains ne sont décelables qu’après avoir été concentrés par des organismes marins : le cobalt (homards et moules), le nickel (certains mollusques), le plomb (cendres d’organismes marins).

Le PH de cette soupe marine est voisin de 8,2 (légèrement alcalin). Les gaz dissous sont constitués à 64% d’azote et 34% d’oxygène. Les concentrations diminuent quand la température et la salinité augmentent. La proportion de CO2 est 60 plus forte dans la mer que dans l’air (1,8% au lieu de 0,03%). L’océan apparaît donc comme un régulateur de la teneur en CO2 de l’atmosphère.
Même si la concentration totale des sels dissous varie en fonction du lieu, la proportion des composants les plus importants reste à peu près constante. Cela prouve que sur une échelle de temps géologique, les océans ont été bien mélangés, l’eau circule entre les différents océans.
La température de l’eau de mer varie entre -1,9°C (température de congélation de l’eau de mer pour une salinité de 35 g/kg) à 30°C. À 4000 m de profondeur, elle varie entre 0 et 2,5°C. et en Méditerranée (à 2000 m) elle varie de 13 à 13,5°C.
La densité est un paramètre fondamental. De faibles variations horizontales de densité (causées par exemple par des différences de rayonnement solaire) peuvent produire des courants importants.
Et enfin, le plancton, qui est constitué de tout ce qui est en suspension dans l’eau de mer : végétaux, animaux minuscules et algues microscopiques. Il ne bouge presque pas. Le plancton est le premier animal sur la chaîne alimentaire. La rencontre des courants chauds et froids facilite sa reproduction. Le plancton végétal, ou phytoplancton, se construit à partir de matières minérales. Il ne vit que dans les couches superficielles de la mer (entre 15 et 10 mètres de profondeur), et accomplit sa photosynthèse. C’est-à-dire qu’il absorbe des sels minéraux et du carbone pour rejeter de l’oxygène sous l’effet de la lumière. Le plancton animal, ou zooplancton, se nourrit de matières vivantes, certaines espèces étant herbivores et d’autres carnivores. Il remonte la nuit vers la surface pour se nourrir de phytoplancton et redescend pendant la journée vers les eaux plus profondes. Il échappe ainsi aux prédateurs et économise de l’énergie car la température est moins élevée.
Le soir, le plancton brille. On peut l’observer avec nos yeux, une loupe ou le microscope. Le phytoplancton est mangé par le zooplancton et par une multitude d’organismes marins. Ils seront la proie de petits prédateurs eux-mêmes chassés par de grands prédateurs. Le plancton est mangé par : les petits poissons, les baleines, les requins pèlerins, les crabes et les crevettes. Dans un litre d’eau, il peut y avoir 500 petits animaux ou végétaux qui composent le plancton.
L’eau de mer a également une qualité paradoxale : elle n’est pas stérile, elle contient des germes et des bactéries, mais ils ne sont jamais pathogènes, sauf en cas de déséquilibre de l’écosystème lié à des pollutions.

Pourquoi l’eau de mer est-elle salée ?

L’activité volcanique primitive de la Terre, il y a 3,5 milliards d’années, est l’une des causes de la formation du sel de mer. Les premiers organismes vivants à peupler la Terre ont aussi joué un rôle dans la formation du sel car la respiration des cyanobactéries a produit du dioxygène, un oxydant qui a pour effet d’augmenter l’acidité ambiante qui elle-même favorise la formation d’ions carbonates. L’atmosphère avait alors un tout autre aspect, elle était riche notamment en vapeur d’eau, dioxyde de carbone et autres gaz comme le chlore et le soufre qui se dégageaient à profusion du fait de l’activité volcanique intense qui régnait alors sur Terre.
Puis au bout d’un certain temps, environ 100 millions d’années, la terre s’est refroidie et la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère s’est condensée. Les gaz toxiques dégagés par les volcans : dioxyde de carbone et dioxyde de soufre ont provoqué des réactions chimiques avec la vapeur d’eau. Cette vapeur d’eau en se condensant a donné des pluies acides qui ont ruisselé sur les sols et ont érodé les roches. Des minéraux (ions chlorure) ont alors ruisselé jusqu’à l’océan où ils se sont associés à ceux déjà présents dans l’eau de mer (ions sodium) pour former principalement un cristal : le chlorure de sodium qui est un sel parmi tant d’autres. Les sels sont des composés chimiques constitués à partir de l’assemblage d’un acide et d’une base.
Au fur et à mesure de l’évaporation qui touche l’ensemble de l’étendue des eaux, la concentration en sel augmente. Mais au sein des mers et océans, un équilibre s’est installé entre l’eau apportée par les cours d’eau et celle qui s’évapore, ce qui rend à peu près stable la salinité de ces éléments à notre échelle. Cependant cette salinité n’est pas uniforme sur l’ensemble des étendues d’eau de notre planète. Certaines mers connaissent une salinité exceptionnelle, la mer Morte par exemple, tandis que d’autres parties d’océans possèdent une eau très peu salée. Les icebergs ont aussi leur part de responsabilité dans la salinité de l’eau, puisqu’ils sont constitués d’eau douce. La fonte de ces derniers à grande échelle pourrait entraîner une modification de la salinité des océans ce qui perturberait ainsi les courants océaniques. En effet la quantité de sel dissoute dans l’eau, modifie la densité de l’eau qui est l’un des facteurs importants de la formation des courants.
Enfin la salinité de l’eau est influencée par les changements climatiques, ce qui justifie son étude et ses mesures régulières.

Que faire avant de plonger ? Observer, voir, comprendre et apprendre

L’ambition de cet exposé n’est pas de vous présenter de la théorie sur ce qu’il faut faire avant d’aller plonger (règles de sécurité ; article 8 ; la sécurité de la navigation) mais plutôt d’attirer votre attention sur ce que font vos moniteurs et votre directeur de plongée, sur une forme d’apprentissage par l’observation : se renseigner sur la météo, lire les cartes maritimes de la région, connaître les courants, les marées, la température, la visibilité, savoir si le lieu de plongée est une zone plus ou moins sécurisée, s’il y a des passages de bateaux, comment sont les fonds (découverte et protection du milieu marin, ne pas jeter l’ancre n’importe où, n’importe comment et prévoir le relevage éventuel…), etc.
Juste avant de plonger, écouter à nouveau les consignes de sécurité concernant votre plongée et l’organisation de votre palanquée, essayer de vous souvenir des paramètres de plongée et des indications données en ce qui concerne ce que vous pourrez voir et découvrir. Observez le milieu : les vents, les courants (en regardant les vagues, en trempant votre palme dans la mer), la position du soleil, tous les éléments qui vous serviront à vous orienter une fois que vous serez immergé. Après l’immersion, observez le sens du courant, le type de fonds et tout ce qui vous permet de vous repérer.
Et surtout : ne touchez pas, ne prélevez pas, respectez les fonds et les tombants en évitant surtout les coups de palmes, plongez silencieusement, sans mouvements brusques, en évitant d’évoluer entre le poisson et le courant et ne vous interposez pas entre le soleil et le poisson.
Écologie : la protection de soi passe par celle de son environnement
Un jour, votre école vous annonce qu’un séjour de plongée est organisé à Cavalaire ou à Marseille. Vous voilà dans votre voiture ou dans un train avec votre sac de plongée. Vous allez bientôt arriver à votre destination la tête pleine de rêves et de fantasmes, déjà pressé de profiter de votre séjour et de ramener pleins de souvenirs. Entre plaisir et respect de l’environnement, saurez-vous profiter des merveilles du paradis bleu ? Pensez-vous à tous ces gestes quotidiens qui détruisent l’environnement ? En camping ou à l’hôtel en bord de mer, sachez que plus de 50 % des eaux usées des communes sont rejetées dans la nature sans aucune épuration préalable. Jeter un produit dangereux dans son évier peut donc avoir de graves conséquences pour le milieu. Il serait donc judicieux de nous procurer des produits (savons, lessive, etc.) ayant un impact moins nocif sur l’environnement que les détergents ordinaires. Savoir-faire de l’éducation écologiste sans devenir un donneur de leçons ou un moralisateur tyrannique devrait s’intégrer rapidement dans la pratique de l’enseignement de la plongée. Certains diront qu’en vacances, ils n’ont aucune envie de jouer constamment les rabat-joie et de rentrer en conflit avec le monde entier en signalant sans cesse les agressions écologiques : cendriers jetés à la mer, coquillages ramassés ici et là, ancres négligemment posées sur le récif… les petites injures à l’environnement sont nombreuses. À titre d’information, il est intéressant de se pencher sur les temps de dégradation des déchets suivants : pour un ticket d’autobus, il faut 2 à 4 semaines ; pour un mouchoir en papier, il faut compter 2 mois ; un mégot de cigarette : 6 mois ; de l’huile de vidange : 5 à 10 ans ; une canette en aluminium : 100 ans ; un sac ou une bouteille en plastique : 100 à 500 ans !
La charte du plongeur responsable et les recommandations de la CMAS sont le minimum auquel devrait être attentif tout plongeur désireux de préserver son environnement marin, mais la responsabilisation quotidienne est certainement la plus importante. Osons rappeler à chacun que notre monde est fragile et que nous sommes des milliards à profiter de ses ressources, nous devons être responsables de nos actes et des désagréments que nous induisons afin de veiller à ne pas dépasser ce que notre monde peut supporter.
Des centaines de milliers de bouteilles d’eau minérale, de boîtes de soda, de sacs plastique et d’emballages en tous genres finissent à la mer. Le plastique est très nuisible. Sous forme de sacs, ils sont ingérés par les tortues marines qui les confondent avec des méduses. Ils se décomposent en particules. Ces particules servent de “nourriture” aux oiseaux de mer qui les confondent avec des œufs ou des larves de poissons. Nos déchets voguent sur des milliers de kilomètres avant de finir sur les plages : ils polluent l’ensemble de l’écosystème marin.
Il faut aussi savoir que 75 % de la pollution marine provient du continent : agriculture et élevage, engrais et pesticides, solvants, aquaculture, nucléaire, usines, catastrophes maritimes, exploitation et aménagement du littoral, transports maritimes, déforestations, pots d’échappements et cheminées qui rejettent des gaz acides qui retombent ensuite sous forme de pluies. Pollutions, surpêche ou techniques de pêche destructives, détérioration du littoral et de son écologie, trafic maritime, filets dérivants, introduction d’espèces “étrangères”…, autant de raisons qui font qu’aujourd’hui la liste des espèces marines en danger s’accroît. Sur le littoral français, sont en voie de disparition les pinnipèdes (phoques gris et phoques moine), les tortues (luth et caouanne), les herbiers (posidonies principalement), les lichens, la baleine de Biscaye, de nombreuses espèces de poissons requins, les raies, les hippocampes, les mérous, les corbs, les lamproies, les anguilles, les aloses, les saumons, les esturgeons, de nombreux invertébrés (dattes de mer, tritons, cigales de mer, coraux rouges, grandes nacres…) et aussi des amphibiens, des oiseaux et des reptiles. Sans s’interdire de manger du poisson et autres animaux marins, le plongeur pourra s’interroger et choisir ses repas pour éviter de participer à la raréfaction de certaines espèces. Il préférera ne pas manger de la tortue marine (une famille menacée), du cétacé (ah, le ragoût de dugon ou les ailerons de requin en soupe !) entraînant la mort d’un animal de plusieurs centaines de kilos pour quelques filets de chair.
Donc simplement, s’informer et adapter son comportement pour ne pas être un acteur directement impliqué dans la destruction d’espèces déjà en péril.
Pour conclure : la Méditerranée, une mer à protéger
C’est une mer dont les apports (précipitations, ruissellement) faibles ne compensent pas l’évaporation intense. Le déficit en eau est comblé par un courant d’entrée d’eaux fraîches, peu salées venant de l’Atlantique et entrant par le détroit de Gibraltar. C’est une mer dont le temps de renouvellement des eaux est long ; il a été évalué à 90 ans. Ce délai entraîne une certaine rémanence de la pollution. La Méditerranée est une mer particulièrement menacée par la pollution.
Sa fragilité est due à la conjugaison de plusieurs facteurs qui augmentent l’impact de la pollution :
• un taux bas de renouvellement des eaux
• un brassage des eaux insuffisant : écran thermique en été, absence de grands courants et rareté des remontées d’eaux froides profondes riches en sels nutritifs
• un coefficient de marées faible
• l’absence de grandes crues des fleuves qui ne permettent plus le phénomène de “chasse” des polluants vers les grands fonds et le nettoyage des rivages (conséquence des aménagements des cours d’eau destinés à l’irrigation)
• l’importance des populations riveraines et des pollutions qui en découlent
• l’accroissement du trafic maritime et des accidents
 

L’apprentissage par l’observation et la compréhension
De l’amour et du respect de Soi à l’amour et au respect de ce qui nous entoure.
À partir de ma formation avec l’école J.P. Plongée http://attitudeplongee.free.fr
Actuellement Moniteur CMAS E3 et Médecin Fédéral CAP Port Vendres https://www.plongee66.com